Workshop avec Stephanie Amurao (2021). © Martin Argyroglo
Les techniques corporelles et les pratiques chorégraphiques proposées sont avant tout celles de danseur·euses et chorégraphes qui font la scène contemporaine. Iels sont invité·es par le Cndc à la fois pour présenter leurs œuvres, répéter en vue de futures créations et transmettre leur démarche au sein de l’école. Iels partagent avec les étudiant·es leurs pratiques et recherches et leur permettent ainsi de se confronter avec les problématiques les plus actuelles.
Si la danse contemporaine s’est longtemps appuyée majoritairement sur des références appartenant à la danse scénique occidentale, ce corpus s’est considérablement élargi dans les dernières décennies et il est aujourd’hui crucial que cette ouverture se reflète dans le cursus pédagogique. La difficulté réside dans la multiplicité des traditions chorégraphiques mobilisées aujourd’hui par les chorégraphes du monde entier. Le temps que demanderait la maitrise de chacune d’entre elles rend illusoire l’idée de toutes les aborder en profondeur au sein d’un seul cursus. Le développement d’écoles se spécialisant dans des traditions spécifiques n’appartenant pas à la danse scénique occidentale montre l’impossibilité de cette ambition globalisante.
Pour représenter la diversité de la danse contemporaine, l’école du Cndc invite des artistes qui s’appuient sur des techniques et des traditions chorégraphiques variées. Elle les engage à partager avec les étudiant·es leur processus de recherche, plutôt que de proposer une simple initiation à la technique spécifique dans laquelle s’ancre leur travail. Cette transmission devient ainsi un acte créatif : elle implique d’identifier des principes chorégraphiques qui sont liés à cette technique, sans pour autant s’y limiter, et qui peuvent être abordés par des danseur·euses ne la maîtrisant pas. L’identification de ces principes et l’élaboration d’un vocabulaire commun reposent autant sur les intervenant·es que sur les étudiant·es et font de l’école le creuset de nouvelles écritures chorégraphiques.
Outre cette confrontation avec les créateur·ices d’aujourd’hui, l’école du Cndc propose un enseignement de répertoires et techniques corporelles allant des années 1960 à nos jours. Elle offre ainsi aux étudiant·es la possibilité d’éprouver de la manière la plus profonde et la plus rigoureuse possible certains des modes d’approche du mouvement qui sont apparus durant cette période et qui influencent encore les travaux de nombreux·euses chorégraphes actuel·les. La transmission de ces approches du mouvement, qu’elles proviennent de créateur·ices contemporain·es ou d’œuvres historiques, s’appuie sur l’apprentissage de pièces chorégraphiques, sur des ateliers, des cours techniques, mais également sur la pratique de disciplines non chorégraphiques qui ont joué un rôle dans leur élaboration.
L’enseignement de chaque répertoire et de chaque approche de la performance et du corps se fait avec les créateur·ices et les performeur·euses qui les ont façonnés, pour permettre aux étudiant·es d’éprouver pleinement les expériences corporelles et esthétiques qu’elles suscitent. Cette immersion dans une multiplicité d’approches implique qu’aucune d’entre elles n’est abordée de manière dogmatique. Leur enseignement ne vise pas à permettre un perfectionnement du danseur en vue d’un idéal chorégraphique unique, mais à offrir une pluralité d’outils corporels qui enrichissent l’appréhension des problématiques chorégraphiques actuelles, et permettent à chaque étudiant·e de dessiner son propre parcours. L’école du Cndc propose ainsi d’éprouver de l’intérieur une multiplicité d’approches du mouvement et du corps, tout en développant un regard critique et personnel sur chacune d’elle.