© Wilfried Thierry
Né à Paris en 1987, Noé Soulier développe une écriture chorégraphique singulière nourrie par l’histoire de la danse, la philosophie et un rapport constant aux autres disciplines artistiques. Formé au CNSMD de Paris, à l’École Nationale de Ballet du Canada et à P.A.R.T.S., il obtient également un master en philosophie à la Sorbonne. Dès ses premières créations, il s’attache à revisiter les héritages classiques, modernes et postmodernes pour construire un langage propre.
Sa recherche chorégraphique repose sur l’exploration de buts pratiques — frapper, éviter, attraper, lancer — qui orientent l’énergie du mouvement. En les détournant, il invente une danse où les gestes visent souvent des objets absents ou imaginaires, produisant des variations d’intensité et de tension qui suscitent chez le·la spectateur·ice une expérience à la fois kinesthésique et affective. Cette démarche se déploie dans des pièces comme Petites perceptions (2010), Faits et gestes (2016), Les Vagues (2018) ou Close Up (2024).
Parallèlement, il mène une recherche théorique qui prend la forme de performances (Mouvement sur mouvement, 2013) ou de publications (Actions, mouvements et gestes, 2016), visant à transformer la manière dont le mouvement est perçu, en renversant les hiérarchies entre corps et pensée, pratique et théorie.
Noé Soulier brouille volontairement les frontières entre disciplines. Dans Performing Art (2017), il renverse le rapport traditionnel entre danse et musée en transformant l’accrochage d’une collection en chorégraphie. Avec Close Up, il confie aux interprètes le pouvoir de composer eux-mêmes l’image enregistrée par la caméra, inversant les hiérarchies de regard.
Ses collaborations avec des artistes comme Tarek Atoui, Thea Djordjadze ou Karl Naegelen prolongent ce désir de porosité entre champs artistiques. Qu’il s’agisse de construire une sculpture sur scène ou de générer des environnements sonores, la frontière entre chorégraphie, musique et arts visuels s’estompe.
Ses œuvres sont présentées sur les scènes et festivals internationaux, de Paris à New York, Londres, Berlin, Tokyo, Taipei, Bruxelles ou Venise. Parallèlement, il chorégraphie pour de nombreuses compagnies telles que le Nederlands Dans Theater, la Trisha Brown Dance Company, le Ballet de l’Opéra de Lyon, Los Angeles Dance Project ou le Ballet de Lorraine.
Depuis 2020, il dirige le Cndc – Angers, institution unique réunissant centre de création, école supérieure et programmation internationale. Sa vision de l’art comme élargissement de notre capacité à éprouver — perceptivement, affectivement et politiquement — nourrit autant son écriture chorégraphique que le projet qu’il développe pour ce lieu.
Il est lauréat du concours Danse Élargie (2010), élu Personnalité chorégraphique de l’année par le Syndicat professionnel de la critique (2024) et reçoit le Prix chorégraphie de la SACD (2025).